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La biodiversité expliquée aux enfants
Comment éveiller leur curiosité?

La nature est omniprésente dans notre quotidien, souvent discrète mais toujours fascinante : le chant mélodieux des oiseaux à l’aube, les fleurs éclatantes qui transforment les jardins en toiles vivantes, les fourmis infatigables qui tracent leurs chemins entre les pierres… Autant de manifestations de la biodiversité qui nous entourent, souvent sans que nous y prêtions attention. Pourtant, il est essentiel d’éveiller les enfants à cette richesse vivante, non pas par la peur ou l’inquiétude face aux menaces qui pèsent sur l’environnement, mais en cultivant leur émerveillement, leur curiosité naturelle et leur envie de comprendre. Comment leur transmettre l’amour de la nature et l’envie de la protéger ?
En leur offrant des expériences concrètes, joyeuses et accessibles, adaptées à leur rythme et à leur regard sur le monde. Observer un insecte à la loupe, faire germer une graine, écouter les bruits de la forêt, construire un abri pour les hérissons… Autant de petits gestes qui sèment, dès le plus jeune âge, les graines de la connaissance, de l’attention à l’autre vivant, et du respect profond de la biodiversité.
En version enfant, c’est quoi, la biodiversité?

« La biodiversité, c’est tout ce qui est vivant autour de nous. Les animaux que l’on voit souvent, comme les oiseaux ou les chats, mais aussi les plantes, les arbres, les insectes, les champignons, et même les petites bêtes minuscules qu’on ne peut voir qu’avec un microscope. Tous ces êtres vivants font partie d’un grand monde : celui du vivant. »
Pour aider les enfants à comprendre l’importance de chaque être vivant, utilisez une métaphore simple :
« Imagine que la nature, c’est un immense puzzle. Chaque animal, chaque plante, chaque insecte est une pièce de ce puzzle. Si on commence à perdre trop de pièces, le dessin du puzzle devient incomplet et il ne fonctionne plus comme il devrait. La nature a besoin de toutes ses pièces pour rester en bonne santé. »
Une autre comparaison très parlante :
« La biodiversité, c’est comme une grande boîte de crayons de couleur. Avec plein de couleurs différentes, on peut créer de magnifiques dessins. Mais si on en perd trop, il ne reste que quelques couleurs, et nos dessins deviennent moins riches, moins joyeux. C’est pareil pour la nature : plus elle est variée, plus elle est belle et forte. »
En s’appuyant sur des objets familiers comme un puzzle ou des crayons, les enfants comprennent mieux les idées complexes. N’hésitez pas à leur faire manipuler ces objets pendant que vous parlez. Jouer, dessiner, assembler : ce sont autant de façons concrètes d’apprendre en s’amusant, et de faire naître une vraie sensibilité à la richesse du monde vivant.
Comprendre le rôle de chaque être vivant
Les enfants aiment poser des questions. Ils veulent savoir “à quoi ça sert ?”, “pourquoi c’est important ?”. C’est une belle occasion de leur expliquer que dans la nature, chaque être vivant a une mission, un rôle à jouer, un peu comme dans une grande équipe où chacun contribue à l’équilibre du tout.
Voici quelques exemples concrets à leur raconter :
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Les abeilles sont comme des jardiniers volants. Elles transportent le pollen de fleur en fleur, ce qui permet aux plantes de produire des fruits et des graines. Sans elles, il n’y aurait plus de fraises, de pommes, ni de belles fleurs colorées.
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Les vers de terre sont les petits ouvriers du sol. En creusant des galeries, ils aèrent la terre et la rendent plus souple. En digérant les feuilles mortes, ils transforment les déchets en nourriture pour les plantes. Ils aident la terre à rester vivante et fertile.
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Les chauves-souris, souvent mal aimées, sont en réalité très utiles. Elles sortent la nuit et mangent des centaines de moustiques en une seule soirée. Grâce à elles, on peut profiter des soirées d’été sans se faire piquer !
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Les plantes, elles aussi, jouent plusieurs rôles : elles nous offrent de l’ombre, nettoient l’air que nous respirons, retiennent l’eau dans les sols, et nourrissent toutes sortes d’animaux, des chenilles aux oiseaux.
Une petite histoire pour mieux comprendre

« Imagine un jardin sans abeilles : plus de fleurs, plus de fruits, plus de couleurs. Les oiseaux ne viendraient plus y chanter, car ils n’y trouveraient ni graines ni insectes à manger. Le jardin serait vide, silencieux, presque triste. C’est un peu comme si la vie s’était envolée. »
Le jardin qui avait perdu ses abeilles
Le jardin qui avait perdu ses abeilles ...
Il était une fois un petit jardin plein de vie. Des fleurs de toutes les couleurs, des fruits sucrés, des oiseaux qui chantaient, et des papillons qui dansaient au soleil. Ce jardin, c’était le coin préféré de Lila, une petite fille curieuse qui venait y jouer tous les jours.

Mais un matin, en arrivant, Lila sentit que quelque chose n’était pas comme d’habitude.
Le jardin semblait silencieux… trop silencieux. Les fleurs avaient la tête basse, les fruits ne grossissaient plus, et les oiseaux volaient plus loin.
« Qu’est-ce qui se passe ? » demanda Lila au vieux poirier.
Le poirier soupira : « Les abeilles ont disparu. Sans elles, plus personne ne transporte le pollen. Les fleurs ne peuvent plus donner de fruits. Et sans fruits, les oiseaux s’en vont… »
Lila ouvrit grand les yeux. « Mais à quoi servent les abeilles exactement ? »
Alors la terre, la plante de tomates, et même un petit ver de terre sortirent de leur cachette pour lui expliquer.
Les abeilles, dit la tomate, volent de fleur en fleur. En cherchant du nectar, elles transportent le pollen qui aide les fleurs à se transformer en fruits.

« Et moi, » dit le ver de terre en se tortillant, « je creuse la terre pour qu’elle reste bien aérée et fertile. Comme ça, les plantes poussent mieux. »»
« Et les chauves-souris ? » demanda Lila.
« Elles nous protègent des moustiques ! » répondit un crapaud en sautant d’un buisson. « La nuit, elles en mangent plein. »
Lila comprit alors que chaque créature, même la plus petite, a un rôle à jouer. Sans les abeilles, le jardin était comme un puzzle à qui il manquait des pièces.
Elle décida d’agir. Avec l’aide de sa classe, elle fabriqua un hôtel à insectes, planta des fleurs sauvages, et mit de l’eau pour les abeilles. Petit à petit, les bourdonnements revinrent.

Lila n’oublia jamais que la biodiversité, c’est la vie. Et que chaque vie compte.
La biodiversité, c’est la vie
Quand les enfants découvrent que même le plus petit insecte a une importance, ils commencent à voir la nature autrement. Ils comprennent que la biodiversité, c’est ce qui rend notre monde plus beau, plus fort, plus joyeux.
C’est un réseau vivant, où tout est lié : une fleur attire une abeille, qui aide à faire pousser un fruit, qui nourrit un oiseau, qui sème une graine ailleurs… et ainsi de suite.
Apprendre par les sens et le jeu : une autre façon de découvrir la nature
Inutile de leur faire un long discours : pour donner envie aux enfants de s’intéresser à la nature, mieux vaut les inviter à explorer, toucher, écouter, imaginer. En les plaçant dans une posture d’enquêteur, de créateur ou d’aventurier, on stimule leur curiosité naturelle et on ancre les apprentissages dans des expériences concrètes et joyeuses.
Voici quelques idées d’activités simples à mettre en place, à la maison comme à l’école :
Activités d’exploration sensorielle
• Organiser un « safari nature » dans un jardin, un parc ou en forêt : munis de loupes, de boîtes d’observation ou simplement de leurs yeux grands ouverts, les enfants partent à la découverte des insectes, des traces d’animaux (empreintes, plumes, crottes…), des odeurs et des sons. On peut leur proposer une « checklist » à cocher ou un petit guide de terrain adapté à leur âge.
• Créer un « carnet de biodiversité » personnel : sur un cahier ou un carnet bricolé, les enfants dessinent ce qu’ils observent (fleurs, escargots, feuilles, oiseaux…), collent des éléments naturels récoltés (sans arracher de plantes vivantes), écrivent des petites histoires inventées ou des faits étonnants qu’ils apprennent.
• Construire une mangeoire pour les oiseaux ou un hôtel à insectes avec des matériaux recyclés (bouteilles en plastique, boîtes de conserve, cartons, pots de yaourt…). En plus d’éveiller leur conscience écologique, cela développe leur motricité fine et leur sens de l’observation.
• Proposer une chasse au trésor naturelle : dans la cour, le jardin ou lors d’une balade, les enfants doivent trouver une plume, une écorce rugueuse, une fleur jaune, un caillou lisse ou « bizarre », un objet qui sent bon, etc. On peut varier les consignes selon les saisons !
Ressources numériques et livres pour prolonger l’expérience
• Livres jeunesse illustrés pour éveiller la curiosité :
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Le Livre extraordinaire des animaux (Gallimard Jeunesse)
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La vie cachée des arbres – version enfants (Peter Wohlleben)
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Cherche et trouve nature, Animaux du monde, etc. Ces livres favorisent l’observation attentive, l’apprentissage du vocabulaire, et la découverte ludique de la biodiversité.
• Applications interactives pour explorer en autonomie :
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Pl@ntNet : prendre une photo d’une plante ou d’une fleur et découvrir son nom et ses caractéristiques.
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Seek by iNaturalist : scanner en temps réel insectes, feuilles, oiseaux et autres créatures pour les identifier et apprendre des faits étonnants.
Ces outils permettent de transformer une promenade ordinaire en véritable expédition scientifique !
L’essentiel : cultiver la curiosité

En offrant aux enfants des expériences concrètes, joyeuses et multisensorielles, on fait bien plus que leur transmettre des connaissances : on les aide à créer un lien intime, vivant et durable avec la nature.
Observer une coccinelle grimper sur une feuille, écouter le chant d’un oiseau au petit matin, sentir l’odeur de la terre après la pluie, fabriquer une cabane entre les arbres ou dessiner un escargot trouvé dans le jardin…
Ce sont ces instants simples, vécus avec le corps et les émotions, qui marquent profondément.
Ce lien, tissé dès l’enfance, n’est pas basé sur la peur ou la culpabilité, mais sur la joie de découvrir, le plaisir d’observer, le bonheur de comprendre et la fierté d’agir. L’enfant ne voit plus la nature comme un décor lointain, mais comme un monde vivant, familier et précieux, dont il fait partie.
Et c’est justement cette relation affective et sensorielle qui, en grandissant, devient un socle solide pour l’engagement écologique. Car on protège ce que l’on aime. Un enfant qui a ri en courant dans les prés, qui a nourri un oiseau en hiver ou vu une fleur s’ouvrir grâce à ses soins, portera en lui une envie sincère de préserver la vie autour de lui.
Éveiller à la nature, ce n’est donc pas seulement enseigner : c’est faire naître un attachement profond, un regard sensible et curieux, une conscience joyeuse du vivant.
Les rendre acteurs de la nature
Dès le plus jeune âge, les enfants peuvent agir pour protéger la biodiversité, à leur échelle :
- Planter des fleurs qui attirent les papillons ou les abeilles.
- Ramasser les déchets lors d’une balade ou dans la cour d’école.
- Fabriquer une mini-mare dans un bac avec de l’eau, des pierres et des plantes.
- Participer à des projets collectifs, comme ceux de Vigie-Nature École, qui relient science et observation.
Semer l’émerveillement, pas la peur
Il peut être tentant, face à l’urgence écologique, de dire aux enfants : « La nature est en danger, il faut la sauver ! ». Mais si cette phrase part d’une bonne intention, elle peut aussi générer chez eux des émotions paralysantes : peur, tristesse, culpabilité, voire un sentiment d’impuissance. Or, un enfant qui se sent dépassé ou effrayé aura bien du mal à agir, à comprendre ou à s’engager.
Plutôt que de commencer par l’alerte, mieux vaut éveiller d’abord leur émerveillement. L’éveil de la sensibilité précède la conscience. C’est en captant leur curiosité naturelle, en leur faisant ressentir la beauté et la richesse du monde vivant, que l’on prépare le terrain d’un engagement futur, plus solide et sincère.
Proposez-leur des faits étonnants, des anecdotes fascinantes, des « petits secrets » du vivant :
« Tu savais que les mésanges sont capables de se souvenir de plus de 100 cachettes de graines différentes ? »
« Une seule coccinelle peut manger jusqu’à 50 pucerons en une journée ! »
« Les abeilles dansent pour indiquer la direction des fleurs à leurs amies ! »
« Certains arbres communiquent entre eux grâce à leurs racines et peuvent s’entraider. »
Ces découvertes émerveillent, intriguent, captivent. Elles nourrissent l’imaginaire et donnent envie d’en savoir plus, d’observer, de questionner, d’explorer.
La curiosité devient alors un tremplin vers la conscience écologique. Un enfant qui aime les arbres, les oiseaux ou les insectes ne supportera pas qu’on leur fasse du mal. Il voudra naturellement les protéger, parce qu’il se sent lié à eux, parce qu’ils font partie de « son » monde.
L’écologie, pour les enfants, peut naître dans un éclat de rire en observant une chenille, dans un moment de calme sous un arbre, ou dans la fierté d’avoir sauvé un insecte. Et c’est justement cette approche joyeuse, ancrée dans le réel, qui fera pousser les graines du respect et de la responsabilité.
Conclusion : cultiver un regard vivant
Les enfants ne partent pas de zéro : ils sont naturellement curieux, sensibles et ouverts au monde qui les entoure. Leur regard s’émerveille d’un rien : une fourmi qui transporte une miette, une fleur qui s’ouvre, un escargot qui laisse une trace brillante. Ce regard-là, encore frais et émerveillé, mérite d’être nourri, encouragé, élargi.
En leur proposant des outils adaptés pour observer, questionner, comprendre et agir, on ne cherche pas à les transformer en petits experts du vivant. On leur offre surtout la possibilité de développer une relation personnelle et affective avec la nature — une relation faite de plaisir, d’expérience, d’émotion, et de confiance.
Cette relation se construit au fil du quotidien : à travers une balade où l’on s’arrête pour écouter le vent dans les feuilles, un livre qui raconte la vie secrète des animaux, un jeu où l’on construit une cabane, une discussion sur pourquoi les abeilles sont importantes… Chaque petit moment partagé autour de la nature renforce un fil invisible entre l’enfant et le vivant.
Et ce fil, s’il est tissé avec soin, deviendra un jour une trame de respect, d’attention et de responsabilité. Car un enfant qui a grandi avec cette sensibilité-là portera en lui, toute sa vie, le désir de prendre soin de ce qui l’entoure. Il ne verra pas la biodiversité comme une notion abstraite, mais comme quelque chose de familier, de précieux, de vivant.
Cultiver leur regard, c’est planter les graines d’un engagement doux et durable. Et comme toutes les graines, cela commence par un peu de terre, un peu de lumière… et beaucoup d’amour.
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